San Marco

Publié le 15 décembre 2023 à 14:20

Il est temps de comprendre que l'Histoire, ce n'est que de la violence. Vouloir nier cette réalité, au nom des victimes, implique de raser les villes d'Europe.

 

Prenons l'exemple de la Basilique Saint Marc. Elle est présentée aujourd'hui comme le croisement architectural entre divers espaces culturels pendant les premiers siècles de la République vénitienne. Au fil des temps, l'église s'est enrichie des apports de Byzance bien sûr, mais aussi des contacts avec l'Islam, avant que le gothique n'influence de façon décisive toute l'architecture vénitienne.  Le joyeux éclectisme de la Basilique devrait accréditer le joli conte des échanges culturels.

 

Or, la Basilique Saint Marc représente, historiquement, la politique de domination brutale de la Cité des Doges, exercée  par le truchement de sa suprématie maritime sur toute la Méditerranée. Celle qui a vu Venise s'émanciper progressivement de l'empire byzantin pour finalement le dépasser et le soumettre. Les superbes blocs de marbre, les mosaïques dorées et les sculptures imposantes sont les butins de pillages systématiques, qui ont culminé lors de la Quatrième Croisade. En subordonnant Constantinople avec l'aide des Croisés, Venise a pu rêver pour un temps de se placer au centre d'un empire enfin réunifié, de l'Occident à l'Orient.

 

San Marco est le prolongement artistique de l'Arsenal. Deux faces d'une même ville, l'expression duale de sa grandeur. 

 

Faudrait-il, une fois cela posé, détruire Saint Marc? Ce serait le prolongement logique des pensées post-coloniales. Ce d'autant plus qu'aucun autre monument n'attire plus de touristes à Venise;  le Palais des Doges, dont la salle du Conseil vaut bien la Chapelle Sixtine, était vide aujourd'hui. 

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